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Réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens - Les conseils du Dr Fanchon HUGUET

Réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens - Les conseils du Dr Fanchon HUGUET

 Dans notre vie quotidienne, nous sommes exposés à une multitude de substances qui peuvent influencer notre santé de manière insidieuse. Parmi ces substances, les perturbateurs endocriniens suscitent de plus en plus d'inquiétudes et de débats dans le domaine de la santé publique. 

Pour démystifier ce sujet complexe et offrir des conseils pratiques, nous avons eu l'honneur de nous entretenir avec le Dr. Fanchon HUGUET, médecin spécialiste en endocrinologie. Dans cette interview exclusive, le Dr. HUGUET partagera son expertise et ses recommandations sur la manière dont nous pouvons faire des choix éclairés pour réduire notre exposition aux perturbateurs endocriniens dans notre vie quotidienne. De la cuisine à la salle de bain, en passant par nos habitudes de consommation, découvrez les conseils pratiques et les alternatives sûres que le Dr. HUGUET propose pour protéger notre santé et celle de notre famille.

 

Qu'est-ce qu'un perturbateur endocrinien et comment agit-il sur le système hormonal humain ?

Un perturbateur endocrinien (PE) a été défini par l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé) comme une substance chimique (d’origine artificielle ou naturelle) qui va interférer avec le système endocrinien*, et de ce fait entraîner des effets néfastes sur l’individu voire sa descendance.

*le système endocrinien est constitué de l’ensemble des glandes qui sécrètent des hormones. Ces hormones libérées dans le sang agissent à distance sur différents organes du corps.

Les PE agissent à différents niveaux sur le système endocrinien pouvant soit mimer l’action d’une hormone, soit bloquer son action, ou encore modifier son système de production, de transport, de stockage ou d’élimination.

 

Quels sont les effets potentiels des perturbateurs endocriniens sur la santé humaine ?

En raison de la complexité de mécanismes d’action de chaque PE, des « cocktails » de PE auxquels nous sommes exposés, et de l’origine multifactorielle des maladies, il est difficile de déterminer l’effet final néfaste de chaque PE. Ainsi, leurs effets sur la santé humaine sont complexes et toujours débattus. Néanmoins, de plus en plus de données scientifiques suggèrent qu’ils peuvent :

  • induire des anomalies du développement et de la reproduction (malformations du système reproducteur, puberté précoce, syndrome des ovaires polykystiques…),
  • participer à la croissance de cancers hormono-dépendants (tels que le cancer du sein, de la prostate),
  • interférer avec le fonctionnement thyroïdien,
  • favoriser l’apparition de troubles du neurodéveloppement (troubles cognitifs, du comportement),
  • engendrer des troubles métaboliques tels que l’obésité, le diabète de type 2.

Et d’autres risques restent encore à démontrer …

 

Quels groupes de population sont les plus vulnérables aux effets des perturbateurs endocriniens, et pourquoi ?

Nous sommes exposés à tout âge aux PE. Mais il existe effectivement des périodes critiques avec une vulnérabilité accrue. Il s’agit de la période pré-conceptionnelle (avant la grossesse), la période embryonnaire, l’enfance et la puberté. Dans ce contexte, la plus grande prudence est classiquement recommandée dans les 1000 premiers jours de vie (débutant en intra-utérin !)

 

Quels sont les principaux moyens par lesquels les gens sont exposés aux perturbateurs endocriniens dans leur vie quotidienne ?

Les sources sont multiples, avec une exposition via :

  • l’alimentation (contenants alimentaires surtout plastiques, revêtement des ustensiles de cuisine, résidus chimiques dans les aliments tels que les pesticides…),
  • les produits d’hygiène et de cosmétique (contenu et contenant),
  • les textiles : vestimentaires et d’ameublement (retardateurs de flammes),
  • l’environnement de la maison : avec certains matériaux de construction, de décoration (peintures), insecticides, produits d’entretien, parfums d’intérieur…

 

Quels sont les PE identifiés que les consommateurs devraient essayer d'éviter ? 

Il n’existe à ce jour pas de liste officielle ou validée à l’échelle mondiale. Plusieurs pays proposent néanmoins leurs propres listes. 

Pour tenter de simplifier les choses, citons les grandes « familles » de PE :

  • les phtalates : que l’on peut retrouver dans les emballages alimentaires, jouets en plastique, ustensiles de cuisine, produits d’entretien, cosmétiques (vernis, parfums, déodorants),
  • les bisphénols: le plus connu étant le bisphénol A maintenant interdit en France dans les contenants alimentaires, les tickets de caisse…,
  • les retardateurs de flamme polybromés: que l'on retrouve dans les tissus d’ameublement, peluches…,
  • les PFOA/S dits « polluants éternels »: présents dans les revêtements de cuisine anti adhésifs, revêtements textiles imperméabilisants,
  • les PE des produits d’hygiène et cosmétique : Parabens, Triclosan (déodorants, savons), éthers de glycol, phénoxyéthanols,
  • les pesticides/insecticides
  • les formaldéhydes : que l'on retrouve dans les peintures, les colles …

 

Y a dit-il une réglementation pour limiter le risque d'exposition pour les consommateurs ?

En France depuis peu, une règlementation a été mise en place afin d’informer le consommateur sur la présence des PE, répondant ainsi à une demande forte des utilisateurs. Elle s’inscrit dans le plan SNPE2 (Deuxième Stratégie Nationale sur les PE).

Trois arrêtés ministériels ont été publiés à l’automne 2023 afin de rendre obligatoire la mise à disposition des informations permettant d’identifier la présence de PE avérés, présumés ou suspectés dans les produits de la vie courante.

Il s’agit de la mise en application de la « loi AGEC » de 2020 imposant cette mise à disposition d’informations, à tout metteur sur le marché de produits à destination des consommateurs, qui, au terme de leur fabrication, comportent des substances dont l'Agence nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) qualifie les propriétés de perturbation endocrinienne, et tels que définis par le règlement européen REACH.

Le premier arrêté identifie les substances présentant des propriétés de PE qualifiées d’avérées et de présumées, mentionnées au I de l’article L. 5232-5 du code de la santé publique, les substances présentant des propriétés de PE qualifiées de suspectées, mentionnées au II de ce même article.

Le deuxième arrêté fixe les modalités concernant le contenu et les conditions de présentation de ces informations.

Enfin le troisième rend possible l’utilisation d’une application Scan4Chem dans cet objectif de mise à disposition des informations.

 

Existe-t-il des labels, ou certifications, que les consommateurs devraient rechercher pour s'assurer qu'ils sont exempts de perturbateurs endocriniens ?

Précisons d’abord qu’il est quasiment impossible de trouver des produits totalement exempts de PE et que les labels ne sont pas destinés à garantir une neutralité totale en PE.  Il est aussi important de rappeler que consommer des produits bios ou naturels ne signifie pas sans PE, mais avec une charge assurément moindre.

Ainsi, il existe de nombreux labels environnementaux, qui peuvent nous aider à consommer de manière plus responsable. Ces labels sont classés par catégorie de produits, et sont à retrouver sur le site de l’ADEME (Agence de la transition écologique). Nous pouvons citer les labels ECOCERT, Ecocert Cosmos, Cosmébiocosmos, Ecolabel Europeen, Nature&progres…

 

Quels conseils donneriez vous aux individus pour réduire, limiter, leur exposition aux perturbateurs endocriniens ?

Pour les produits d’hygiène :

  • Privilégiez les compositions les plus simples possible, dans l’idéal sans parfum, sans antibactérien et avec des ingrédients d’origine végétale
  • Evitez les formulations en spray afin d’éviter l’inhalation de composés nocifs volatils.

Pour les produits d’entretien :

  • Préférez des produits avec peu de composants et naturels comme le vinaigre blanc, le savon noir,
  • Eviter les formulations en spray,
  • Eviter l’utilisation de pesticides, de parfums et de désodorisants d’intérieur.

Pour l’alimentation :

  • Privilégiez des produits locaux issus de l’agriculture biologique pour diminuer l’exposition aux PE,
  • Evitez les revêtements en plastique pour la conservation de vos aliments (surtout si vous les réchauffez au micro-ondes !), il utilisez plutôt des contenants en verre,
  • Evitez l'utilisation de poêles anti-adhésives.

Et enfin, pour les textiles :

  •  Lavez systématiquement les articles neufs avant le premier usage,
  •  Optez pour des vêtements en matière naturelle (coton, laine…).

  

En conclusion, au vu des connaissances (et méconnaissances !) des effets néfastes des PE sur la santé, la prudence est de mise, surtout dans les périodes accrues de vulnérabilité. Il ne s’agit pas de viser un « objectif zéro PE » qui serait vain, mais d’adapter son mode de vie au quotidien pour en limiter l’exposition de manière durable.

 

Sources : 1000-premiers-jours.fr, Anses.fr, Ecologie.gouv.fr, Ademe.fr

 

Nous espérons que cet article vous a plu et nous remercions le Dr Fanchon HUGUET pour ses conseils avisés.

A très vite,

Julie & Alexandra
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